Lire pour le plaisir et lire pour corriger : ce n'est pas la même chose !

On me demande souvent si j’aime ce que je corrige, si je suis prise par ma lecture ou bien si j’ai toujours envie de lire pour le plaisir.

Quand je lis pour le plaisir et quand je lis pour corriger je vis deux expériences très différentes, mais qui se complètent parfaitement. Le plaisir de la lecture repose en grande partie sur un texte bien écrit, exempt de fautes et fluide, tandis que mon travail de correctrice professionnelle nécessite une attention méticuleuse pour atteindre cet objectif.

Le plaisir de la lecture

Lire pour le plaisir est une activité qui me transporte dans un autre monde, me permet de m’évader et de vivre des expériences par procuration à travers les personnages et les histoires. C’est un moment où je me laisse porter par les mots, sans me soucier (ou presque) de la structure des phrases ou de l’exactitude de l’orthographe sauf si le livre est truffé d’incohérences.

Lire pour le plaisir, c’est se laisser emporter par le flot des mots, des idées et des émotions. Je plonge alors dans l’histoire, je m’identifie aux personnages, je vis des aventures, des drames ou des moments de pure magie. Cette forme de lecture est instinctive, fluide, et ne nécessite pas de concentration extrême sur la forme du texte, excepté pour des livres particulièrement difficiles. Le lecteur est avant tout un rêveur, un explorateur de mondes imaginaires ou réels, qui se laisse guider par son imagination et son envie de découvrir de nouvelles histoires.

La lecture plaisir est également une source d’apprentissage inconscient. En lisant régulièrement, il est prouvé que nous enrichissons notre vocabulaire, nous améliorons notre compréhension des structures grammaticales, et nous développons notre culture générale. Cependant, cet apprentissage se fait de manière passive, sans que nous en soyons vraiment conscients.

C’est la magie de la lecture : elle nous enrichit tout en nous divertissant.

Lire pour le plaisir lorsque l’on est correctrice professionnelle

À l’opposé, lire pour corriger est un exercice beaucoup plus exigeant. La lecture devient un exercice méthodique et minutieux, où chaque mot, chaque virgule et chaque espace compte. C’est un travail de révision rigoureux, où mon rôle de correctrice professionnelle scrute chaque détail pour déceler la moindre erreur.

La lecture corrective n’est pas un acte naturel. Elle demande de la discipline et une attention soutenue. Contrairement au lecteur qui lit pour le plaisir, je ne peux pas me laisser emporter par l’histoire. Je dois garder un regard critique, rester en retrait, et me concentrer sur la forme plutôt que sur le fond.

Cependant, cette lecture corrective et technique est aussi un exercice intellectuel enrichissant. Elle permet de développer un œil aguerri, une sensibilité aux subtilités de la langue, et une capacité à identifier rapidement les erreurs. C’est ainsi que les correcteur-rices deviennent des experts de la langue, capable de repérer les nuances et les subtilités qui échappent souvent au lecteur lambda. Toutefois, cela ne signifie pas que nous ne pouvons plus lire pour le plaisir.

L'importance de la correction dans le processus d'écriture

La correction est une étape cruciale dans le processus d’écriture. Un texte, aussi brillant soit-il, peut perdre toute sa force si les erreurs d’orthographe, de grammaire, de syntaxe ou de ponctuation viennent en altérer la lisibilité. C’est là que je dois intervenir car mon rôle de correctrice professionnelle est de garantir que le message de l’auteur est transmis de manière claire, précise et sans ambiguïté.

La lecture corrective : un métier à part entière

Je suis correctrice donc une professionnelle dont le métier consiste à traquer les fautes, qu’elles soient d’orthographe, de grammaire, de syntaxe ou de ponctuation. Je passe au crible chaque mot, chaque phrase est analysée pour s’assurer qu’elle respecte les règles de la langue. Ce travail de révision demande une grande concentration, une connaissance approfondie de la langue et une capacité à repérer les erreurs rapidement et efficacement.

Je dois faire preuve d’une rigueur extrême. La correction ne se limite pas à l’élimination des fautes, il ne s’agit pas seulement de corriger les erreurs flagrantes, mais aussi de veiller à la cohérence du texte, à sa clarté et à sa fluidité. Elle inclut une dimension de révision stylistique. Je peux suggérer des modifications pour améliorer la fluidité du texte, le rendre plus percutant ou plus agréable à lire. Cela implique parfois de réécrire (toujours avec l’autorisation de l’auteur et sans dénaturer sa voix) certaines phrases, de suggérer des modifications pour améliorer la lisibilité du texte, voire de repenser la structure de l’ensemble pour en renforcer l’impact.

Je me dois également de vérifier les informations données : les dates sont-elles bonnes, les noms propres bien orthographiés, ces évènements ont-ils bien eu lieu à cet endroit, le cheval qui était blanc au début de l’histoire est-il toujours aussi blanc au milieu et à la fin du récit ?

Le métier de correctrice professionnelle est ainsi un équilibre entre technique et sensibilité, entre rigueur et créativité. C’est un travail de l’ombre, souvent méconnu, mais essentiel pour garantir la qualité des écrits.

Le rôle complémentaire du lecteur et du correcteur

Bien que leurs approches soient différentes, le lecteur et le correcteur partagent un lien indissociable. Le premier profite du texte dans sa version finale, l’appréciant pour sa beauté, son intrigue, ou son message. Le second, en revanche, est celui qui veille dans l’ombre pour que cette version finale soit la meilleure possible.

Sans correction, un texte pourrait être entaché de défauts qui en diminueraient la portée. Lire pour le plaisir est donc en grande partie rendu possible grâce au travail rigoureux du correcteur.